Alors, donc, je me promenais le nez au vent, le long de ces voies qui passent sous un grand entrepôt au nord de Paris, prenant des photos de la voie, en long, en large, des graffitis en biais, de face, et de l’air du temps de toutes les façons possibles.
D’un rail à l’autre, je parcours les longs quais parallèles quand je l’ai aperçue, cette moto de la police… De la police ? Non, juste un jouet d’enfant, un engin qui lui permet d’aller loin porter ses rêves de justice toute neuve. Un premier plan étonnant dans ce monde de béton. Tandis que je m’approche et que je tourne autour pour trouver le bon angle, je sens confusément que je ne suis pas seul.
Confortablement installés entre deux piliers sur un matelas, un peu plus loin sur le quai, se trouvaient Issa, et une jeune femme.
Nous nous saluons.
Si je fais des photos ? Oui, plein, par moment.
Beaucoup de gens se promènent pas là ? Oui, beaucoup, beaucoup. Mais eux deux, ils sont bien tranquilles, sur le côté comme ça ; c’est vrai qu’ils sont bien, sur ce matelas, à l’ombre sous l’entrepôt, il fait très chaud dehors, mais là, non, l’air est tout doux, et un petit vent vient donner une fraîcheur très agréable.
Les photos, il aime ça. Et là d’où il vient, il y a plein d’endroits où faire de belles photos, me dit-il. Il a été dans le désert du Mali, et là, c’est magnifique, la nuit avec les étoiles.
Et il me raconte, l’Egypte, le Nil, je voyage avec lui, il a même été tout en haut de la grande pyramide, c’était il y a 20 ans, il était tout minot et il a pu grimper l’escalier gigantesque, pas comme maintenant où c’est interdit.
Et puis, il me dit, là, là, en me montrant l’étrange construction au bout du quai, faite de rampes empilées, là, les nuits de pleine Lune, c’est magnifique, il faut vraiment venir faire des photos, tu vas avoir de grandes joies, tu verras.
Alors, oui, Issa, je vais revenir un soir de pleine Lune, sous l’immense entrepôt et au travers des rampes pour les camions, je vais la guetter, la Lune, et attendre qu’elle vienne à nous, illuminer ces lieux. Et je déclencherai doucement, avec précaution, avec tendresse, pour garder intacte la magie de l’instant.
Nous nous sommes quittés avec Issa et la copine, et en partant, il m’a souhaité « tous les bonheurs possibles ».
Mais qui, aujourd’hui, emploie encore ces mots pour dire au revoir dans la Ville autour du grand l’entrepôt ?
A très bientôt, Issa.
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